La crise du rouge:
Les légumes à goût accusé : oignons, ciboules, échalotes, l'ortie exercent une action très salutaire sur leur faculté d'assimilation et leur vigueur.
On doit, par suite, leur en donner, finement hachés, dans toutes leurs pâtées, mais surtout vers la fin du 2ème mois, époque à laquelle la Nature leur impose à tous une épreuve très dure, connue sous le nom de crise du rouge.
Cette période critique correspond à la formation des barbillons et caroncules, colorés en bleu ou en rouge, qui saillent et pendent sur la tête et le cou.
Nombre de dindonneaux en succombent et ceux-là seuls qui auront été fortement nourris et n'auront pas eu jusque là à souffrir de l'humidité ni du froid, s'en tireront sans péricliter trop.
Les rations, pendant cette crise, doivent être particulièrement reconstituantes.
La base en sera de la farine de féveroles et de sarrasin, additionnée de beaucoup d'ortie, d'oignons, de fenouil, de chicorée et saupoudrée matin et soir, d'une pincée, par tête, de condiments divers en mélange : gingembre et cannelle, surtout, anis et gentiane, si l'on en a.
Mélangé à la pâtée, 2 fois par jour également, un verre de vin par groupe de 20 dindonneaux fait office d'excellent tonique.
Une fois passée cette crise aussi curieuse que redoutable, le dindonneau ne redoute plus aucune intempérie.
La pluie froide elle-même est sans effet sur sa robuste constitution.
Un simple toit sous lequel on a disposé, au même niveau, des planchettes en guise de perchoirs, est le meilleur des abris car, même la nuit, le dindon préfère le grand air